Écrire dans un premier temps fut mon objectif.
Réalisant que je n’avais ni les clefs ni le vocable, je me suis, de fait, astreinte à faire des livres, des livres à exemplaire unique, constitués pour certains de papier fait main et d’ajouts divers.
Mon travail pictural est lui même sur support papel que je maroufle sur toile afin de garder une cohérence entre les toiles peintes et les livres à exemplaire unique.
Après avoir expérimenté divers matériaux pour ces livres et principalement les dérivés du papier, j'ai opté pour une utilisation originelle du papier à savoir le végétal et dans un environnement naturel.
A l’instar de la collection de chez Hachette pour adolescents «La Bibliothèque Verte», j’ai «planté» mes livres qui ont pris diverses formes pour se fondre dans la végétation ambiante champêtre et plus particulièrement afin de « s’écrire » avec la nature et poursuivre un chemin d’écriture naturelle dirons-nous !
Les livres évoluant avec leur progression végétale au gré des saisons et des pluies
j’ai monté une bibliothèque entre autres où, sur chaque étagère, des livres poussent. Chaque « lettre » est un don de la nature et pour souligner cet aspect scripturaire, j’ai mixé les végétaux locaux, à savoir :
Le hedera hélix ( lierre) vert ou bicolore à dominante blanche ou bien d’ampelopsis quinquefolia (communément appelé vigne vierge)et dont les couleurs varient avec les saisons.
Certains livres sont plantés à même la terre dont une «encyclopédie» qui pousse depuis plus de 20 ans, et qui nous informent et enrichis à chaque saison notre vocabulaire verdoyant de «verbes» nouveaux !
La propriété de l’écrivaine Georges Sand qui elle aussi avait une passion pour les plantes constitue un voisinage privilégié de cette œuvre. Cette proximité m’a également encouragée à lui dédier un certain nombre de livres verts, certains sont sphériques afin que les lettres circulent à l’infini, d'autres de forme traditionnelle ou particulière.
La région également abrite et abritait des «maîtres sonneurs» dont Georges Sand narre merveilleusement dans ses livres les prouesses de ces musiciens locaux.
Je leurs ai dédié une installation champêtre, aux abords d'une futaie, plantée sur des pupitres où les partitions sont constituées de « lettres végétales » du hedera ici en l’occurrence et de diverses couleurs pour signifier les notes blanches ou noires des symphonies.
Sur mon site web on peut voir l’évolution des livres et partitions qui depuis plus de 20 ans poussent et « écrivent » leurs musiques au gré des saisons dans le Berry et à l’écoute de la nature végétale et animale et nous pouvons parfois les entendre si l’on prête l’oreille de son imagination !
Fragment for Sylvia E. L .
When I am away, God says,
do not seek to see me
You could not find me.
But write, write, trace letters
for there to be the amorous encounter
of vowels and consonants.
Make books of all sorts. . .
On stone, to build up the time
that seperates Father from Son
On wood to remember
that Man is a tree in the fields
On the petals offlowers
for the letters to become
Birds
On iron and bronze to discover
the sweetness of honey
Books of all sorts. . .
Then she walked into the desert
To seek nothingness
The creating void of a question. . .
Afar she descried a dancing glow
She stepped out of the track
And saw
On the ground a book
The letters danced
They went in and out
Each letter was a flame
The Book was fire
A ball of fire that attracted the hand
that made the hand want to get burnt
She moved her fingers
But the sphere flew up all of a sudden
And only left enigma behind.
She raised her eyes to the heavens
But nothing
Only the sun and sand.
Sadly she sat and waited in the shadow of a sapling
Night came and the Angel
called her by her name
She said: " Here I am"
The Angel said " Only the one who takes time for the detour reaches the name and the future"
Look!
And the angel showed her a star in the sky
That outshone the others
Can you recognize it, the Angel asked?
She shook her head.
Look closely
it is your book. . .
FRAGMENTE für Sylvia E.L.
Wenn ich mich entfernen werde, sagt Gott,
such nicht nach mir
Du würdest mich nicht wieder finden.
Schreib aber, schreib, zeichne die Buchstaben,
so dass das Liebestreffen erfolgt
von Vokalen und Konsonanten
Stell Bücher her
allerlei …
Am Stein, zum Aufbauen der Zeit,
die Vater vom Kind trennt,
Am Holz, um dich dran zu erinnern,
dass der Mensch ein Feldbaum ist,
An Blumenblättern,
damit Buchstaben werden
zu Vögeln,
An Eisen und Bronze zur Erzeugung
von HonigsüBe
allerlei Bücher …
Dann kam sie in der Wüste voran
Auf der Suche nach dem Nichts
Der schöpferischen Leere einer Befragung …
Weit erblickt sie einen tanzenden Schimmer
Sie kam aus dem gezogenen Pfad
Und sah
Am Boden ein Buch
Die Buchstaben tanzten
Hinaus und hinein
Jeder Buchstabe war eine Flamme
Das Buch war Feuer
Eine Feuerkugel, die die Hand anzog,
Die der Hand die Lust gab, sich zu verbrennen
Sie rückte die Finger vor
Die Sphäre flog aber auf einmal
Und hinterlieB nur das Rätsel.
Sie blickte zu Himmel hinauf
Aber nichts
Nur Sonne und Sand.
Traurig setzte sie sich hin und wartete im Schatten einer
Staude
Die Nacht kam und der Engel
rief sie mit ihrem Namen
Sie sagte : « hier bin ich »
Der Engel sagte ihr : « Nur der, der sich die Zeit zum
Umweg nimmt, hat Zugang zu Namen und Zukunft »
Schau !
Und der Engel zeigte ihr am Himmel einen Stern,
Der mehr als die andren glänzte
Erkennst du den, fragte der Engel ?
Sie sagte nein mit dem Kopf.
Schau mal nach
dein Buch ist es
Nach Marc-Alain Ouaknin
Traduction de Jacques Loisy